Un autoclave est un équipement médical servant à stériliser tous les dispositifs médicaux réutilisables. Maîtriser l’ensemble du processus de stérilisation est indispensable pour éviter que vos dispositifs médicaux réutilisables soient à l’origine d’infections nosocomiales.
L’eau est à la fois le principal agent utilisé par un autoclave pour accomplir le processus de stérilisation, et à la fois l’élément utilisé dans toutes les étapes de ce processus. Se poser la question de l’eau dans le processus de stérilisation et plus particulièrement dans le cadre de l’utilisation d’un autoclave médical est donc essentiel.
L’eau, un vrai risque infectieux
L’eau est à la fois un milieu simple et complexe, ou la survie peut-être plus ou moins assuré, et ou la croissance de micro-organisme est tout à fait possible. L’eau peut ainsi devenir un vecteur dans la propagation d’agents de contamination des dispositifs médicaux ou encore venir jouer un rôle important dans la formation de biofilm. L’eau transporte donc certains agents pathogènes.
Les agents pathogènes que l’eau peut propager sont au nombre de cinq :
- Les bactéries, sous forme végétative ou sporulée
- Les prions
- Les parasites, algues et champignons
- Les virus, notamment les pathologies hépatiques
- Les endotoxines, cadavres de bactéries GRAM négatives
La dose minimale infectieuse dépendra alors à la fois de la nature du micro-organisme, mais également du terrain immunitaire qui, s’il est déficient, permettra plus facilement à un micro-organisme d’exprimer sa virulence.
Il est donc tout à fait possible qu’une faible dose puisse infecter un individu susceptible. Moins d’une à dix unités formant plaque ou colonie sont suffisantes.
Mais il faut bien le reconnaître, la population de bactéries libres dans l’eau forme une mince portion de la population totale, en-dessous de 0,04%. Mais il ne faut pas s’y fier, les bactéries ont appris à rentrer en résistance pour faire face à la pauvreté en nutriments de l’eau ou encore à des conditions climatiques qui augmentent la température moyenne. Les bactéries se transforment alors en spores, leurs permettant de bien mieux lutter contre les agressions externes. Dans un milieu aquatique, donc dans les canalisations et le réservoir de stockage de son autoclave, se forme ce que l’on appelle un biofilm.
Un biofilm est une communauté hétérogène composée de micro-organismes englobés dans une matrice autoproduite. Il s’agit d’une structure tridimensionnelle cohésive fonctionnant en réseau interconnecté. La matrice est alors constituée de polysaccharides, de protéines, d’ADN et de lipides. Il s’agit d’un lieu d’échange mais aussi d’interaction et d’activités enzymatiques. Le glycocalyx, qui est très hydrophile, est l’élément organique de base permettant la création de biofilm.
Attention : la production de biofilm est naturelle et touche tous les corps.
La stagnation de l’eau, la corrosion et l’entartrage sont des éléments favorisants le développement du biofilm.
Dans un autoclave, la pression est telle qu’elle peut permettre au biofilm de retrouver son état libre et ainsi libérer toutes les endotoxines s’y trouvant et donc augmenter la charge microbienne de l’eau. Le tout avec les conséquences que l’on peut imaginer pour le patient.
Pour éviter l’apparition de biofilm, l’utilisation de la micro-filtration, les générateurs UV ou encore l’osmose inverse
L’eau, responsable des altérations du matériel
En plus d’avoir une réelle influence sur la charge bactérienne de votre autoclave, l’eau possède une forte influence sur l’altération ou non de l’instrumentation, des équipements mais aussi de vos canalisations d’eau.
Votre eau aura donc une influence sur la qualité de ce qui passe dans l’autoclave, mais aussi sur l’autoclave en lui-même.
Saviez-vous qu’une tâche ou la présence de corrosion sont des endroits rêvés pour la création d’un biofilm ? Les tâches et traces de corrosions dans un autoclave viennent d’une mauvaise utilisation de l’eau.
N’oublions pas non plus que si votre eau vient de votre installation d’eau, il faut également compter sur tout ce qui peut être présent dans vos canalisations, comme de la rouille ou des silicates. Ainsi, l’eau risque de se retrouve enrichie de composé toxique comme le plomb ou le chrome et de venir en modifier les caractéristiques organoleptiques.
Une trop forte concentration de substances minérales ou organiques dans votre eau ? Des tâches vont se mettre à apparaître sur vos instruments et équipements. Ces tâches pourront soient être colorées, soit ressembler à des résidus d’eau, cela dépendra des composants de votre eau. Voici tout ce qui peut venir créer des tâches de couleurs différentes :
- Les métaux : rouille, cadmium, fer, plomb et cuivre
- La silice
- Les silicates
- Les sels de calcium
Les tâches ne sont pas le seul risque pour votre autoclave, l’entartrage est tout aussi problématique. En effet, l’action de décomposition des sels de calcium de magnésium vient créer ce que nous appelons l’entartrage. Le soucis, c’est que le tartre va venir se déposer et obstruer certaines parties de votre autoclave, créant ainsi des conditions favorables au développement de la charge microbienne.
Dans la série des altérations causées par l’utilisation d’une eau non pure, la corrosion est un élément majeur à prendre en compte. La corrosion est l’altération des matériaux métalliques qui peuvent composer à la fois l’autoclave, mais aussi toutes vos canalisations. Le caractère corrosif de l’eau est caractérisée par les paramètres suivants :
- Un pH acide
- Une teneur en ions halogénées dépassant les 100 mg/L
- L’oxygène dissout
- La température de l’eau
- La minéralisation de l’eau
Concernant l’eau, il est recommandé de la conservée à une température dépassant les 50°C, cela afin de limiter le développement de salmonelles.
L’eau pour un autoclave
Nous avons pu voir les raisons sanitaires qui nous poussent à rechercher une eau pure pour son autoclave. Mais quel type d’eau faut-il utiliser avec son autoclave ? Regardons les différentes solutions de traitement de l’eau et regardons celle qui convient le mieux à un autoclave médical.
Eau distillée
Le principe de l’eau distillée est plutôt simple, on fait chauffer l’eau, on la laisse s’évaporer et l’on récolte le produit de cette évaporation. L’eau distillé se retrouve ainsi libéré de ses micro-organismes et minéraux.
Une eau parfaite pour ne pas laisser de trace, avec une charge plutôt faible. L’eau distillée ne doit cependant pas être utilisée telle que dans un autoclave pour une sécurité totale de sa stérilisation.
Eau déminéralisée / déionisée
Lorsqu’on évapore de l’eau, il est intéressant de venir limiter les traces de dépôt. Une eau déminéralisée est donc une eau libérée de ses cations et anions par un procédé d’échange d’ions au sein de cartouche de résine.
L’eau déminéralisé est généralement le niveau minimum requis par tous les fabricants d’autoclave. Loin d’être parfaite d’un point de vue charge microbienne, l’eau déminéralisé à l’avantage de ne laisser que peu de trace, tout en offrant un rapport coût / performance appréciable (sans pour autant offrir un niveau d’asepsie irréprochable).
Eau adoucie
Comme pour un déminéralisateur d’eau, l’adoucisseur d’eau vient retirer des éléments de l’eau. Un adoucisseur d’eau vient retirer de l’eau le calcium et le magnésium pour venir le remplacer par du sodium. Tout comme pour un déminéralisateur, l’eau passe dans des résines.
L’eau adoucie est à réserver à l’alimentation en eau de la pompe à vide. Elle ne doit pas être utilisée lorsque l’eau entre en contact avec la charge à stériliser. Cela limite le risque d’encrassage de la pompe à vide.
Eau osmosée
L’eau produite par un procédé d’osmose inversée est le seul type d’eau conseillé par l’Agence Française de Stérilisation. Et pour cause, seul le procédé de production en osmose inversée de l’eau permet de libérer l’eau des :
- Particules
- Colloïdes
- Ions
- Substances organiques
- Endotoxines bactériennes
- Micro-organismes
L’eau produite en osmose inverse repose sur le principe suivant :
Le passage de l’eau est forcé au travers d’une membrane semi-perméable. Cette membrane va venir piéger l’immense majorité des composés présents dans l’eau.
Nous parlons d’osmose inversée car normalement (en cas d’osmose) le transfert de l’eau se fait du côté le plus chargé vers le moins chargé. L’osmose inversée… c’est l’inverse 🙂 On vient forcer mécaniquement le passage du liquide chargé vers celui non chargé, au travers une membrane de filtration.
L’eau osmosée est l’eau a utiliser avec son autoclave !
Osmose inversé uniquement ?
L’eau la plus adaptée, et la seule à être recommandée par l’AFS est donc l’eau osmosée. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut jeter son déminéralisateur d’eau à la poubelle. En fait, il faut souvent utiliser les deux de paires. L’un venant soulager l’autre. Ainsi, le déminéralisateur d’eau est particulièrement utile pour venir se connecter à un système de production d’eau par osmose inversé. Le déminéralisateur d’eau va en effet venir libérer l’eau d’une grande partie de ses ions, évitant de venir saturer son appareil d’osmose inversé avec du tartre par exemple.
Utiliser de l’eau produite par osmose inversée est le seul type d’eau recommandé par l’AFS pour garantir une sécurité maximale à vos stérilisations et surtout, à vous et à vos patients.
L’AFS précise également qu’en cas de doute sur le besoin d’eau osmosée ou déminéralisée, il faut toujours se reporter à la notice du fabricant de votre autoclave.
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